La politique de l’enfant unique
(chinois : 独生子女政策 ; japonais : 一人っ子政策 ; anglais : One-child Policy)
Vous avez surement entendu
parler de la politique de l’enfant unique en Chine. Lancée pour contrôler la
croissance de la population, elle a été abolie il y a trois ans et demi. Cependant,
de nombreux étudiants nés durant cette période ne sont pas des enfants uniques.
Par exemple, j’ai un frère de 12 ans ; savez-vous pourquoi?
Je
répondrai à cette question à travers mon exposé. J’expliquerai le processus de
contrôle, et les répercussions de cette politique en fonction de périodes.
Introduction
La politique de l’enfant unique était une politique
publique mise en place par le gouvernement chinois afin de contrôler les
naissances. Cette politique interdisait à un couple d’avoir plus d’un enfant.
Néanmoins de nombreuses exceptions existaient. Par
exemple, les couples vivant à la campagne pouvaient avoir un second enfant si
le premier était une fille. Les minorités ethniques, dont la population ne
dépassait pas 10 millions d’habitants, n’étaient également pas concernées par
cette politique. Enfin, si le père et la mère étaient enfants uniques, le
premier enfant handicapé ou le couple remarié, avoir un second enfant était
autorisé.
Pour avoir un deuxième enfant légalement, les couples
devaient faire une demande officielle auprès de l’administration. Suite à la
présentation du dossier, un fonctionnaire venait s’assurer de leur situation.
Si cette dernière était en règle, leur demande était validée. Un nombre d’années
étaient alors fixé, durant laquelle le couple ne pouvait pas avoir d’enfant.
Par exemple, si le nombre fixé était quatre ans, la naissance d’un enfant
durant cette période était considérée illégale.
Le processus de contrôle et les répercussions de la politique
Le système Huji
Laissez-moi vous expliquer le
système Huji (chinois : 户籍) également appelé Hukou (chinois : 户口) en Chine. Utilisé depuis des
millénaires, il s’agit d’une pièce d’identité lié à un domicile dans une région
donnée. C’est un document important, car il donne accès à l’éducation ainsi
qu’à d’autres services publiques. Tout changement du domicile de Hukou est strictement contrôlé. Avec ce système, une personne
peut aller vivre ailleurs mais le domicile indiqué dans son Hukou ne peut pas
être modifié. Cette dernière aura donc un accès limité aux services publiques
dans sa nouvelle région. Un enfant né illégalement n’aura pas accès au
Hukou et donc de fortes chances pour ne pas être scolarisé.
Les années 1980 - une politique sévèrement appliquée
L’application de cette
politique a connu trois grandes périodes : avant les années 1990, des
années 1990 à 2013 et après 2013.
Avant les années 90, la grande
majorité de la population avait un domicile fixe. Comme il y avait très peu
d’entreprises privées et de travailleurs indépendants, il était facile pour le
gouvernement de contrôler les déplacements de la population. Les familles
étaient régulièrement contrôlées par un fonctionnaire, le plus souvent une
femme, pour s’assurer qu’il n’y avait pas un second enfant. Si un deuxième enfant était découvert, la
famille était sévèrement punie. Par exemple, cette dernière devait payer une
lourde amende et la femme avait l’obligation d’avorter. Ce système a été
largement critiqué pour ne pas respecter les droits de l’Homme.
Durant cette période, la
politique était appliquée de manière différente en ville et à la campagne.
En ville, la majorité des
individus travaillait pour une entreprise d’Etat ou était fonctionnaire du
gouvernement. Si on découvrait qu’un couple avait eu deux enfants ou plus, il
était licencié et devait payer une lourde amende. Par conséquent, la
quasi-totalité des familles vivant en ville respectait la politique de l’enfant
unique. Aujourd’hui, le vieillissement de la population est l’une des conséquences
directes de cette politique.
La situation était très
différente à la campagne. En Chine, la coutume veut que le fils aîné soit
l’héritier de la famille. Cette tradition, encore très vivace à la campagne,
posait un grand problème aux familles qui n’avait pas de fils. En effet, seul le garçon pouvait
prendre en charge le travail agricole qui, à cette époque, n’était pas encore
mécanisé. Dans le cas où la famille n’avait pas de garçon, les couples étaient
autorisés à avoir un deuxième enfant. Ainsi, dans les campagnes beaucoup de
familles ont eu plusieurs enfants. Quand un femme savait qu’elle attendait une
fille, elle avait tendance à avorter ; le nombre de fille a par conséquent
chuté et cause aujourd’hui un problème majeur en Chine. Pour lutter contre
cette discrimination, il est interdit aux médecins d’informer les parents du
sexe de l’enfant.
Des années 1990 à 2013 - une politique moins stricte
A partir des années 1990, le
nombre de travailleurs indépendants se met rapidement à augmenter et par
conséquent la population devient plus mobile. Par exemple, une femme peut être domiciliée
à Pékin selon son Hukou et travailler à Shanghai. Ainsi, si un fonctionnaire va
à Pékin pour vérifier son statut, il ne pourra pas la trouver.
Les impacts négatifs de la
politique de l’enfant unique commençant à se faire ressentir, la politique fut
progressivement appliquée de façon plus relâchée ; on permettait aux
couples d’avoir un deuxième enfant, moyennant le paiement d’une amende.
C’est dans ce contexte que de
nombreux enfants nés dans les années 1990 ont un frère ou une sœur. Lorsque
j’étais à l’école primaire par exemple, 10 élèves sur les 70 de ma classe
n’étaient pas enfant unique. La proportion était encore plus importante au collège
et au lycée avec respectivement 10 élèves sur 40 et 10 élèves sur 50 qui
n’étaient pas enfant uniques.
Hukou pour les enfants dont les naissances
étaient illégales
Comment un enfant né illégalement pouvait-il obtenir le Hukou ?
Pour obtenir le Hukou à la naissance d’un enfant, deux dossiers sont
obligatoires : le permis de naissance délivré par l’administration locale et
le certificat médical de naissance délivré par l’hôpital. Lorsque la politique
était sévèrement appliquée, les hôpitaux refusaient parfois de laisser
accoucher une femme, si cette dernière ne pouvait pas présenter le permis de
naissance. Deux recours étaient alors possibles. La premier était d’attendre le
recensement général. Chaque individu qui se fait recenser peut ainsi obtenir
son Hukou sans trop de soucis. La deuxième option était de payer l’amende pour
obtenir le permis de naissance.
C’est ce qui est arrivé à ma famille. Au début de leur carrière, mes
parents travaillaient pour des entreprises d’Etat ; puis en 2000 mon père
a donné sa démission pour lancer son entreprise. Ma mère a donné sa démission
en 2003. Mon frère est né en 2007, sans permis de naissance. Sa naissance était
donc illégale. Pour résoudre le problème, mes parents ont décidé de payer
l’amende.
Depuis 2013- une politique peu à peu abolie
Depuis 2013, si l’un
des deux parents est enfant unique, le couple est autorisé à avoir un deuxième
enfant.
En 2016, l’abandon de
la politique de l’enfant unique a officiellement été annoncé.
Depuis l’abolition de la politique de l’enfant unique (depuis 2016)
Cela fait désormais
trois ans et demi que la politique de l’enfant unique a pris fin. Cependant,
les naissances sont encore contrôlées, et seule la limitation a évolué passant
à deux enfant par famille. Aujourd’hui, le gouvernement chinois fait face à un
autre problème. Les couples ne veulent pas avoir un second enfant pour des
raisons financières.